Festivals francophones belges : l’urgence de la situation doit dicter l’urgence des décisions

Des décisions gouvernementales claires et rapides sont nécessaires pour les festivals

Alors que les annonces d’annulation des festivals ne cessent de se multiplier tant en Belgique (Werchter, Graspop,…) qu’à l’étranger (Glastonbury, Rock Am Ring,…), les festivals francophones belges restent toujours dans l’inconnu quant à leur avenir proche et demandent aux différentes instances gouvernementales d’apporter rapidement toute la clarté dont le secteur a grand besoin.

Les festivals représentent un écosystème très diversifié composé d’organisateurs, d’artistes, de fournisseurs, de sous-traitants, d’équipes techniques, des spécialistes son et lumière et de nombreux relais dans le tissu associatif local. Leur situation actuelle est tout bonnement catastrophique. Face à un calendrier de reprise de la culture sans cesse reporté, une campagne de vaccination qui connaît de nombreux problèmes de démarrage et une situation sanitaire encore loin d’être sous contrôle, aucun festival n’est actuellement en mesure de savoir s’il pourra se tenir cet été, dans quelles conditions et pour quels publics.

Le travail d’organisation d’un festival est une activité menée tout au long de l’année, dont la particularité est de voir les charges, tant financières que de travail, augmenter rapidement dès lors que la date de l’événement se rapproche dans le temps. Les mois de mars à juin sont traditionnellement d’une importance capitale pour la viabilité et le bon déroulement d’un tel projet.

Initialement promises pour la mi-mars, les décisions gouvernementales quant à la possible tenue de festivals en Belgique ce printemps et cet été pourraient désormais être postposées à début mai. Alors que les premiers évènements de la saison se tiennent dès le mois d’avril, cette décision ne pourra arriver que bien trop tard pour bon nombre d’acteurs du secteur laissés à leur sort.

Une décision gouvernementale quant à la tenue des festivals, quelle que soit sa nature (annulation pure et simple ou autorisation sous conditions clairement définies) devra dès lors être prise le plus rapidement possible et avant la fin mars au plus tard afin d’apporter toute la clarté dont les organisateurs et les festivaliers ont besoin.  Une absence de décision dans ces délais ne pourra qu’être gravement préjudiciable pour le secteur et l’ensemble de ses partenaires.

Les récentes mesures de soutien financier au secteur de l’évènementiel mises en place en Flandre et dans certains pays voisins – et en particulier le principe de fonds de garantie – laissent l’opportunité à bon nombre d’organisateurs de continuer sereinement leurs préparatifs, forts de la couverture offerte en cas d’annulation tardive de leur évènement. Malheureusement, à ce jour, aucun fonds de cette nature n’a pu être mis en place en Wallonie ou à Bruxelles, augmentant ainsi encore les risques encourus par les différents opérateurs.

Outre les enjeux financiers, des questions artistiques viennent se greffer aux problèmes actuels: bon nombre de tournées européennes sont d’ores et déjà annulées et amèneront certains festivals à se réinventer en termes de propositions artistiques.

Face à ces nombreux défis, les festivals de musique en Wallonie et à Bruxelles demandent donc aux différents niveaux de gouvernements de faire rapidement toute la clarté sur ce dont l’avenir proche du secteur sera fait :

  • Si les festivals ne peuvent se tenir comme espéré il y a quelques semaines encore (c’est-à-dire debout, sans distanciation, avec restauration, etc.), la décision d’annulation pure et simple et de report à l’année prochaine devra être prise dans les meilleurs délais. Un fonds d’aide exceptionnel au moins similaire à celui mis en place en 2020 sera à prévoir pour les pertes effectives subies par les organisateurs.
  • Si des événements “debout” de taille restreinte peuvent être envisagés (par exemple avec un maximum de 5000 personnes), ceci sera vraisemblablement synonyme d’annulation pure et simple pour les festivals les plus grands. Les conditions de leur tenue devront être définies avec précision.  Des aides financières devraient également être mises en place afin de laisser la possibilité à certains organisateurs de se réinventer et de proposer des événements alternatifs à un public plus que jamais en demande d’activités culturelles de qualité.
  • Si la tenue d’événements est conditionnée à la mise en place de mesures sanitaires spécifiques, celles-ci devront être détaillées et quantifiées rapidement et une aide financière devra être proposée aux organisateurs pour faciliter leur mise en place.

Le secteur des festivals fait preuve d’une grande résilience depuis maintenant plus d’un an et a traversé l’année 2020 en perdant près de 99% de ses revenus mais en devant supporter d’importants frais fixes de fonctionnement. Un échéancier clair et des décisions gouvernementales rapides quant à son futur devraient lui permettre de réinventer 2021 ou de se projeter déjà avec impatience vers l’été 2022.

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